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17 décembre 2008

subjectivité nocturne

C'est drôle comme par le passé, la page blanche n'était jamais un problème. Frôle de voir à quel point je ne me rendais pas compte que la difficulté n'est pas d'écrire quelque chose, mais d'avoir quelque chose à dire.

Le souvenir du voyage commence déjà à se faire lointain et c'est les prochaines vacances qui s'annoncent. Plus que trois jours et quelques heures avant d'avoir deux semaines de tranquillité. Cette fois, pas de voyage, juste l'envie de ne pas faire grand chose et surtout de vivre à l'envie quelques jours. Bien sur, il y a noël et nouvel an, mais pour nous, ce ne sera que deux soirées à part. Comme toujours à la veille des vacances, j'ai plein d'envies, aller au ciné, à la piscine, et même skier pourquoi pas, ce n'est pas la neige qui manque en ce moment dans la région et toutes les stations du coin sont ouvertes. En même temps, je sais que ces envies risquent bien de ne pas être suffisamment fortes pour vaincre mon inertie canapesque. Et puis, il y a tant à regarder, des dvd, des trucs enregistrés, des trucs téléchargés. Mais aussi tant à faire sur l'ordi, faire de l'ordre, faire de la place, faire ce qu'on a pas le temps de faire le reste du temps, ou pas le courage en rentrant du boulot. Une fois de plus, ce piège de "pendant les vacances, j'aurai le temps!" Sauf qu'on ne rattrape pas des mois à repousser en seulement deux semaines, à moins peut-être d'y passer tout son temps. Ce qui n'est pas une option quand on aime autant que moi ne rien faire avec juste un bon bouquin dans les pattes.

J'en vient presque à me demander si je n'ai pas un vrai problème de mémoire tant les choses que j'aimerais fixer ici disparaissent comme neige au soleil dès que je pense m'y mettre. Le pire étant peut-être que le train train quotidien n'est pas très propice à ce genre de pensées, on pourrait donc raisonnablement imaginer qu'elles me marquent plus que ça. Mais là, la seule chose qui me vient à l'esprit, c'est que j'ai déjà dit ça, une ou plusieurs fois par le passé.

Le passé… qui n'a jamais rêvé de le changer. L'autre soir, j'avais dans les mains un livre que j'aime beaucoup. Je l'ai tellement apprécié quand je l'ai lu que je m'en étais servie dans un exposé que je devais faire pour le cours de français l'année de mon bac. Le problème, c'est que j'ai un très mauvais souvenirs de cet exposé pour la simple raison que, ayant eu les yeux plus gros que le ventre parce que j'aimais le sujet, j'ai saoulé tout le monde sur une durée largement supérieur à celle impartie. Plutôt que de prendre un seul livre, j'avais fait un survol comparé d'un genre, la science-fiction, qui regroupe plusieurs types, allant de l'heroic fantasy à la politique fiction pure en passant par la fiction vraiment scientifique. Les puristes débattront des cases, de leur utilité et du classement de certaines œuvres dans les dites cases, mon propos était plus de montrer la diversité fascinante de ce genre souvent assimilé à de la littérature de bas étage. Je ne me rappelle pas de la note que j'avais eue, je crois qu'elle n'était pas si mauvaise parce que mon argumentation tenait la route, mais je me souviens de deux choses : l'ennui profond de mes camarades de classe après que j'ai dépassé le temps imparti (et peut-être bien avant aussi d'ailleurs, ils ont vite dû se rendre compte que j'étais plus partie pour un marathon que pour un sprint) et le fait que ma prof avait dû lire tous les ouvrages choisis et qu'elle n'avait pas aimé du tout le fameux bouquin que je tenais dans les mains l'autre soir. Depuis, chaque fois que je vois ou que je relis ce livre, je ne peux pas m'empêcher de refaire cet exposé dans ma tête et de me fustiger d'avoir voulu voir trop grand… parce que je trouvais l'œuvre que j'aurais voulu vraiment analyser trop forte pour moi. Je l'ai donc "noyée" dans le reste pour ne pas la prendre de face, de peur de passer à côté de l'essentiel et d'être ridicule. (Il s'agissait de 1984 de Georges Orwell, sur lequel il y a beaucoup à dire en effet). Bon, donc si quelqu'un tombe sur une machine à remonter le temps, j'aurais un exposé à refaire, merci. Ce qui est triste, c'est que je ne sais que faire de l'amalgame que je fais sans le vouloir entre ce mauvais souvenirs et ce bouquin que j'aime toujours autant, même si c'est du roman initiatique de base, version HF pour ados. Ou comment se sentir coupable d'aimer quelque chose parce qu'on a pas réussi à le faire aimer à d'autre. On dirait bien que mon cerveau à un souci de configuration, la culpabilité semble être une réponse quasi automatique, même quand elle n'a pas lieu d'être… On dirait bien que j'ai vraiment besoin de vacances moi.

Hier soir, la tête déjà posée sur l'oreiller, je me réfléchissais aux trucs que j'aimerais faire. Dans le tas, il y a le tri et la réorganisation de mes photos, ce qui n'est pas rien, et en particulier de mes photos de petites plantes, ce qui, vu la quantité qu'il y en a, risque de ne pas être triste. De là et après quelques idées pas forcément applicables (c'est fou comme les trucs qu'on imagine loin de son écran se révèlent souvent inutilisables une fois confronté au programme), je songeais au printemps qui finira bien par venir, comme chaque année, et aux photos que je pourrais faire à ce moment là. Faire ces photos, c'est parfois devoir rechercher le nom de la plante après. Et là, finalement, on a deux manières de faire. 1: être vraiment bon et être capable de tomber sur la bonne plante en suivant une clef de détermination botanique, ce qui n'est pas mon cas, ou très rarement. Je n'ai jamais été très douée pour savoir si c'était un ovaire infer ou semi-infer, pour me rappeler ce que c'est qu'un involucre incomplètement soudé et je ne jure pas que je n'ai jamais confondu une feuille pennatiséquée avec une feuille palmatilobée (bon, là, j'exagère un brin). Bref, ces foutues clefs, en particulier celle, indispensable au botaniste Suisse en tout cas et qui, bien nommée, a été écrite par M. Binz (mais qu'est-ce que c'est qu'ce bintz!!!) sont souvent très difficiles à utiliser et il est facile de s'y perdre. D'ailleurs, je n'ai jamais aimé les "histoires dont vous êtes le héros" qui passent elles aussi d'un numéro à l'autre. Pour vous donner une idée, dans une clef botanique, la couleur de la fleur, le seul truc accessible à toute personne non aveugle et non daltonienne, arrive souvent en 10ème position et encore, c'est pour vous demander si les pétales et les tépales sont de la même couleur ou pour savoir si ça tire plus sur le mauve ou sur le violet, ce qui, sans référentiel de ce qu'ils considèrent comme mauve ou violet n'est déjà pas forcément évident, mais qui, compte tenu de la variabilité des teintes entre individus d'une même espèce, n'est pas toujours ultra déterminant (c'est un peu pour ça que le critère couleur n'est pas en première ligne d'ailleurs, sauf dans les clefs simplifiées).

La deuxième technique est plus empirique. Soit on se déniche une clef de base sur le net genre couleur de fleur, date de floraison, type de plante et on part de la dizaine de réponse qui en découle, soit carrément, on attrape sa flore illustrée et… on regarde toutes les images, si si. Bon, avec un peu d'habitude, on peut limiter un peu les recherches, par exemple en commençant par la famille à laquelle on pense que la plante peut appartenir. Mais ça ne marche vraiment pas à tous les coups, ces satanées plantes ont la fichue manie d'avoir résolu les mêmes problèmes presque de la même façon. Donc, deux plantes qui se ressemblent ne sont pas toujours de la même famille et une fleur à 5 pétales n'est pas toujours une rosacée, sinon c'est pas drôle.

Il y a une troisième technique, mais elle ne fonctionne que dans les jardins botaniques et chez les vendeurs de plantouilles, c'est de lire l'étiquette. Mais cette technique, qui peut sembler être la plus simple des trois est parfois la pire. Combien de fois, en jardin bot, la plante qui m'intéressait n'était pas étiquetée… et combien de fois l'étiquette la plus proche était en réalité celle de la plante d'à côté, ce qui n'est pas un cadeau pour le botaniste amateur, faut bien l'admettre. Du coup, quand je vais courir la plantouille ou la fleurette au pays des étiquettes, il m'arrive régulièrement de vérifier (merci le net) que ce que je prend pour un Kniphofia est bien un Kniphofia (heu… mauvais exemple, rien ne ressemble à un Kniphofia, mais on s'en fout, le nom est rigolo, si si, essayez de le dire à haute voix sans avoir l'impression d'avoir un sérieux défaut de prononciation).

J'en étais là de mes réflexions nocturnes (ou presque) quand j'ai pensé que finalement, pour beaucoup de plantes, je n'avais pas besoin d'une clef, d'une photo ou d'une étiquette (sauf pour cette dernière quand il s'agit de variétés horticoles, mais là ça devient du détail). Il y a en effet un certain nombre de plantes que je connais et donc reconnais sans difficultés. Bien sur, la familiarité fait beaucoup pour cela, mais tout de même, pouvoir dire en roulant à 80km/h que c'est un chêne et pas un hêtre ou que c'est un érable faux platane et pas un vrai platane, à quoi ça tient? Finalement, ça tient à plein de petits critères difficiles à expliquer, comme la forme général, la couleur de l'écorce, la nuance du feuillage. Bref, à la physionomie de la plante. Et là, ça peut sembler très con, mais quelque part, j'ai eu comme une bouffée de soulagement si j'ose dire. Moi qui ne suis pas physionomiste pour un rond, capable d'oublier un visage avec presque autant de facilité qu'un nom (ce qui n'est pas peu dire) et aussi moi qui voit des ressemblances que personne d'autre ne voit entre deux acteurs par exemple, j'ai pu me dire que si, je suis physionomiste. Par pour les gens, ok, mais pour les plantes et que c'est peut-être de là que vient justement cette propension à voir des ressemblances qui ne frappent que moi, je suis habituée à d'autres associations de détails. Parce que toutes les plantes, même les clones (vive les boutures) sont différentes, parce que certaines plantes prennent un malin plaisir à brouiller les pistes, l'œil voit différemment et reconnaît un houx même si les feuilles ne sont pas piquantes (le houx change la forme de ses feuilles suivant la hauteur à laquelle elles poussent, tout simplement parce que les chevreuils et les cerfs ne peuvent pas les brouter plus haut que deux mètres, donc plus besoins de faire des piquants pour se défendre au dessus de ça) ou fait la différence entre un sapin et un épicéa, même de loin (avec ou sans guirlandes, c'est de saison). En me disant que finalement, mes ressemblances incompréhensibles entre untel et untel étaient peut-être une marque de cet œil un peu différend, je me suis endormie.

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Commentaires
L
Merci ma belle, ça fait toujours plaisir. <br /> <br /> Fontouze sur toi, bisous à tes hommes et vivement janvier qu'on te revoie parmis nous de temps en temps
M
ma vieille, j'adore ce que tu ecris.
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