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15 octobre 2007

Au fil de l'eau

Sans se presser.

Dix jours de vacances viennent de passer, dieu que ce fut bon pour se laver un peu la tête. Il faut avouer, être sur un bateau, sur un canal et laisser le paysage défiler lentement autour de soi, baigné des lumières dorées de l'automne, c'est le pied. Bon, je déconseille aux hyperactifs, mais à vous, lecteurs assidus, rêveurs au long cours, les vacances sur les canaux, c'est le bonheur. C'est vrai aussi que le bateau de mes parents, grâce à leurs efforts assidus passés, présents et à venir (as-t-on jamais fini d'aménager un lieu de vie) est très confortable et ça, ça aide, le spartiate façon "deux semaines sous tente sous la pluie", j'ai déjà donné et je suis trop vieille pour ces conneries. M'enfin, que de belles heures vécues.

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Bon, bien sur, le hic avec ce genre de voyage, c'est qu'il faut commencer par se rendre au point de départ. Et là, mon point de ralliement était du côté de Reims, à St-Dizier pour être précis, quelques jours avant un affrontement relayé par la presse d'ailleurs. La première partie du trajet, pas de soucis, je connaissais déjà, fallait aller à Dijon d'abord et ça, j'avais déjà fait. Ensuite, changement de train dans une gare finalement pas si petite quand on trimbale de quoi lire pour dix jours, et même pas en format de poche, dommage. Surtout, première bouffée d'illogisme, les trucs pour composter les billets (ce que je ne peux pas faire en Suisse, ça n'existe pas chez nous, sauf pour les cartes spéciales multicourses et évidemment, c'est pas pareil) sont, non pas au bas des escaliers ou sur les quais, mais dans le hall d'entrée. Pas cool quand on a un sac lourd et qu'on ne fait que changer de train, sans passer par la case entrée, enfin, normalement. Mais bon, j'admets, tous les Français, et c'est quand même l'immense majorité, se foutent que les timbreuses soient à l'entrée. Après avoir 1, cherché le quai, 2 cherché la timbreuse, 3 cherché le wagon 1er classe, 4 m'être rendue à l'évidence, y'en avait pas, malgré le fait qu'il était annoncé à la réservation et enfin 5, m'être trouvé une place (dans un compartiment à l'ancienne), j'avoue, mon épaule était bleue et un peu (beaucoup) endolorie. En face de moi dans le compartiment, une petite jeune regardait partout autour d'un air un peu perdu. Impossible de lui donner un âge, au pif, je dirais seize ou dix-sept ans. Elle m'a demandé, très poliment, si elle était bien dans le bon train, (j'espère, sinon moi aussi je suis dans la mouise) et si les gares étaient annoncées, elle craignait apparemment de rater son arrêt. Comme je ne savais pas si le système de haut-parleurs fonctionnait, surtout que le chauffage, lui, semblait mal en point vu qu'il faisait environ trente degrés dans le wagon (après avoir regardé le bouton du chauffage de plus près, je penche toutefois plus pour une blague de potache que pour une panne, le truc était réglé sur le maximum, je parierais que dans les autres compartiments, c'était pareil), je lui ai dit de se fier plutôt à l'heure prévue d'arrivée, ça marche très bien en général, elle m'a alors avoué qu'elle voyageait seule pour la première fois et que du coup, elle n'était pas très rassurée. Ensuite, je me suis plongée dans mon bouquin. On a encore été rejointes par d'autres personnes, mais, détail amusant, il n'y avait que des femmes seules dans notre compartiment. Dont une un peu givrée d'ailleurs, on est jamais à l'abri. Ceci dit, ça me rassure toujours vaguement quand des gens à peu près normaux m'adressent la parole, je me sens moins l'allure d'une psychopathe. Bref, le reste du voyage a juste été long, mais si j'avais su, j'aurais mieux regardé le paysage vu que le canal et la voie étaient parallèles sur un bon bout du trajet. Enfin à destination, un peu plus de cinq heures après mon départ, j'ai retrouvé mes parents, tout contents de me voir et qui, ouf, avaient pris un bidule à roulettes pour transbahuter mon sac. Le port n'était pas loin mais pas très sympa, mais bon, on devait de toute façon repartir le lendemain matin, alors tant pis. Par contre, le resto dans lequel on est allé manger était très chouette.

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Dimanche, j'ai donc entamé ma première vraie journée sur le bateau. On est parti tranquille, vers neuf heures et demi. Et très vite, le quasi-marathon d'écluses a commencé. Nous étions sur le canal de la Marne à la Saône, qui longe la Marne pendant plus de la moitié de sa longueur. Le hic, c'est que ça grimpe, oh, pas beaucoup beaucoup, mais comme il est difficile de faire du bateau quand l'eau est en pente, ben faut des écluses pour rattraper le niveau. Et là, on montait et on est monté jusqu'au jeudi. Donc, j'ai appris à lancer une corde, dans l'idéal de manière à attraper un bollard histoire d'attacher le bateau, ce qui est le but, et de ne pas faire tomber la corde à l'eau, ce qui rend les choses plus désagréables, et un poil plus humiliantes, faut admettre. Quand on avait rejoint mes parents à Reims, on avait également passé une dizaine (ou une quinzaine, je sais plus) d'écluses, mais à la descente, c'est plus simple. Bref, avant la fin de la journée, on avait surnommé le canal "canal surréaliste" étant donné que chaque écluse, chaque arrêt pique-nique, chaque port nous réservait son lot de surprises, souvent mauvaises, surtout dans les écluses, et souvent totalement… surréalistes. En gros, imaginez un système (canaux, enfin, bief, et écluses) qui existe depuis longtemps (genre deux cent ans pour la plupart) et où, tout à coup, les gens chargés de décider des modalités de fonctionnement des choses n'ont visiblement jamais vu ni un bateau, ni une corde ni même une écluse de leur vie. Résultat? Les éclusiers (quand il en reste, l'automatisation galope) râlent, les mariniers (conducteurs de péniches) râlent et les plaisanciers… râlent. Ça marche mal, voir très mal, et c'est pas parti pour s'arranger. Tout cela est d'autant plus dommage que le paysage vu du canal est absolument magnifique, il y a quelques petits villages sympa comme tout bref, dommage que ces problèmes techniques gênent sur l'ensemble. Et cerise sur le gâteau de ce premier jour, on a rencontré deux bateaux qui, venant de la Saône, avaient décidé de faire demi-tour juste là. Et vu la stupidité des écluses (pas assez de bollards pour s'attacher), on ne passe pas à trois bateaux dans la même écluse en même temps, heureusement, ils ont finalement accepté de partir après nous. Bon, c'est vrai, il en aurait fallu plus pour gâcher mes vacances, mais tout de même, avec une écluse tous les neuf-cent mètres environ sur certains tronçons, quand les écluses sont stupides, ça vire gonflant, façon bourdonnement de moustique. Heureusement, on l'a souvent plus pris à la rigolade, allant même jusqu'au fou-rire devant les cas les plus improbables, qui parfois étaient plus les éclusiers que les écluses d'ailleurs. Ceci dit, le plus important a tout de même été que la météo, contrairement aux prévisions, était plus que clémente. Au final, nous n'avons eu qu'une seule journée de pluie qui suivait une nuit agrémentée d'un gros orage qui m'a réveillé à trois heures du mat', le rat. Le soir avant, il faisait pourtant encore grand beau quand nous avons vu passer les deux "demi-touristes" qui, pourtant, nous avaient bien qu'ils s'arrêteraient tôt dans la journée. Le matin, j'ai donc du mettre des bottes pour aller chercher le pain au village et c'est là que j'ai réalisé que je n'avais aucune veste étanche à capuchon, même à la maison. Heureusement, la pluie n'a pas duré et nous n'avons navigué que sous une vague bruine. Par contre, une fois arrivé à notre étape du jour, en plus par hasard il s'agissait de la plus courte de la semaine, ça nous a poussé à faire un saut à l'intersort (Harry power, huhu) qui était dans le même bâtiment qu'un gros centre de chez le fabricant de char, ou presque. Et là, miracle, j'ai trouvé une veste parfaite, bonne taille, chouette couleur en cinq minutes chrono et soldée moitié prix, elle est pas belle la vie? Bon, par contre, j'ai un peu épuisé notre facteur chance sur ce coup là. Parce que dès le soir, alors qu'on démarrait un barbeuk autant pour finir le charbon que pour pas cuire de l'agneau dans un espace clos de quelques dizaines de mètres carrés (tout le bateau), il s'est mis à pleuvoir à nouveau (comme pendant notre dîner ceci dit, et ça, c'était avant la veste). Et puis, des gens des deux bateaux qui déjà nous avaient piqué les dernières places sur le quai, sont venu nous dire qu'ils partaient à la même heure que nous le lendemain, alors qu'ils nous avaient d'abord dit qu'ils resteraient un jour ou deux à cet endroit (on les a "croisé" jusqu'à la Saône, et pas une fois ils n'ont fait ce qu'ils avaient annoncé, bizarre). Ensuite, une péniche est passée à côté de nous, ce qui est embêtant, les mariniers ayant la priorité absolue, impossible de les dépasser dans le canal, même si normalement, on va deux fois plus vite qu'eux. Mais bon, comme eux ont le droit à des journées plus longues, puisque oui, y'a des horaires d'ouvertures sur les écluses, on s'est dit que ça irait. Jusqu'à ce que, le lendemain matin, alors qu'on petit déjeunait, une autre péniche ne nous dépasse… cette fois, impossible de ne pas la rattraper, elle était chargée et donc naviguait entre trois et quatre km/h alors que notre vitesse de croisière à nous est entre huit et neuf km/h (bon, c'est vrai, c'est mal, c'est limité à 6 normalement, mais comme on fait très peu de vagues même à 8, on se permet, et on est pas les seuls). Du coup, on a fait les deux jours suivant à un rythme encore plus tranquille, parce que "danser" pendant un quart d'heure ou vingt minute devant une écluse en attendant que la péniche en sorte et que l'écluse se vide, c'est non seulement ennuyant mais c'est aussi mauvais pour le bateau parce qu'on manœuvre beaucoup et qu'on fait subir un stress mécanique au moteur et au gouvernail. Donc, en général, on rattrapait la péniche vers midi, on s'arrêtait pour manger (elle, elle continue, nous, on a l'obligation de s'arrêter pendant la pause des éclusiers) et donc elle prenait une heure et demi d'avance et comme ça, on la rattrapait à une ou deux écluses de notre port-étape du soir. En tout, mon père a estimé qu'on a perdu un jour à se traîner comme ça. Mais comme on était pas pressé, c'était juste un peu énervant sur le moment, sans plus.

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Le jeudi, la péniche avait pris de l'avance et nous, on s'est lancé dans la partie "bief de partage des eaux". Au programme, un tunnel (si si, en bateau) et une chaîne d'écluses à la sortie. Alors le tunnel, ça peut paraître super dit comme ça, un peu comme quand le canal (et donc nous) passe par-dessus un fleuve sur un grand pont mais en réalité, c'est très humide (il nous pleut dessus), très froid (alors qu'il faisait grand beau et vingt-deux environ ce jour là), très long (quatre kilomètres et demi pour celui là, à sept km/h environ) assez sombre malgré les néons et franchement, pas passionnant pour deux ronds. On s'est donc mis de la musique bien fort et on a attendu que ça passe. Quant à la chaîne d'écluses qui suivait, on était un peu inquiet vu les précédentes, mais en fait, elles étaient réglées impeccable, ça a marché tout seul. Toutefois, heureusement pour nous qu'on la fait (la chaîne) à la descente, parce qu'à la monté, on n'a toujours pas compris comment on peut s'attacher, le marnage (la différence écluse vide/écluse pleine) est de cinq mètres cinquante, il est donc exclu de lancer les cordes dans ce cas là. Seule solution, monter l'échelle qui se trouve… en face des perches permettant de déclencher la fermeture des portes et l'ouverture des volets pour remplir ou vider l'écluse. Bref, stupide (faut faire tout le tour de l'écluse) une fois de plus, mais là, nous, ça nous a pas gênés. Après cette longue journée, on a trouvé un des plus jolis endroits de la semaine pour s'arrêter et on était tout seuls, bonheur. Bon, y'avait ni électricité ni eau, mais comme on a des réservoirs et des batteries, on s'en fichait. Et l'épicerie boulangerie du coin était fermée pour vacances, heureusement qu'on nous avait prévenu dans une écluse précédente. Par contre, ça a marqué et la fin des écluses bien réglées et la fin des petits coins sympas pour s'arrêter. La fin du canal jusqu'à la Saône était toujours aussi belle, mais les arrêts sont devenus aussi rares que mal foutus et les écluses de plus en plus merdiques, on a même eu trois pannes sur des automatiques, y'avait vraiment que les manuelles qui fonctionnaient bien, mais au lieu d'avoir un éclusier qui nous suivait sur une dizaine d'écluses, là, y'en avait quasi un par écluse, pas tout compris à la "rationalisation" moi.

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Et puis, tout à coup, devant nous, le canal était "bouché" par une berge. Il débouchait dans une dérivation de la Saône, à 90 degrés. Une dernière écluse, en panne, ben voyons et nous étions sur la rivière. C'est encore plus beau, plus large, avec de l'eau plus claire, vraiment magnifique. Et notre étape du soir était tout près, dans un petit village pas trop mal, avec même une épicerie encore ouverte et une boulangerie pas loin du port. Et surtout, un bon restaurant à, oh, au moins vingt mètres de notre point d'amarrage. Mes parents y avaient soupé exactement trois mois auparavant, à un jour près, lors de leur départ. L'inattendu, c'est qu'entre deux, le resto avait changé de main. On savait qu'avant, on y mangeait bien, mais là? en plus, quand on a commandé, la serveuse (la patronne en l'occurrence) nous a dit que le grill était en panne, donc que notre viande serait faite à la poêle, malgré l'inscription sur la carte. Et quand on a voulu des frites, là aussi, friteuse en panne, donc pommes de terre sautées à la place. Bon, ben, essayons. On a reçu nos assiettes, c'était absolument délicieux (viande fondante, cuisson parfaite et différence de cuisson visible entre à point et bien cuit) mais… pas de légumes avec. On a donc demandé si on pouvait avoir quelque chose et là, la serveuse s'est carrément pointée avec un saladier, comme à la maison. C'était absolument parfait, miam! Le lendemain, c'est l'ombre persistante sur notre place d'amarrage qui nous a poussés à partir. On a fait le trajet jusqu'à Grey, la ville la plus proche, très tranquillement, parce que nous remontions la Saône et que, y'a pas à tortiller, y'a du courant, même s'il y en a peu et aussi parce que l'étape du jour étant courte, autant profiter un max du paysage. Et effectivement, c'était absolument magnifique. Une fois arrivés en ville, on a un peu visiter, mais franchement, il n'y avait pas grand chose à voir. Bon, c'est vrai aussi que le dimanche, c'est forcément un peu mort, mais quand même, le nombre de commerces et de maisons à vendre ou à louer était frappant. Enfin, le lendemain, on est parti dans un brouillard persistant pour notre dernière étape. C'est là aussi qu'on a apprécié que j'aie pris deux jours de vacances supplémentaires, on y serait arrivé sans ça, mais on aurait du stresser alors que là, c'était agréablement tranquille. Une dernière écluse bien haute pour terminer et on a pu s'amarrer pour l'hiver puisque nous étions arrivés à la "base" du bateau. Un petit port sympa, tout refait à neuf, tout à fait confortable. Après quelques galères (et surtout quatre essais) on a même trouvé un resto ouvert le lundi soir, hôtel oblige. C'était assez surréaliste d'ailleurs, cette salle au trois-quarts vide en haut d'une tour verre et acier au milieu d'un petit bled paumé. Finalement, ça a clôturé à merveille notre périple sur le canal du même genre. Le lendemain, on a tranquillement fait les bagages et on est rentrés à la maison prendre une bonne douche, parce que oui, y'en a une qui marche très bien sur le bateau, mais vu que même moi je touche le plafond (et je suis la plus petite de la famille) on peut pas dire que ce soit tout à fait pareil. Il me reste des images plein la tête, même si j'avoue que les petits matins à quinze degrés avec quatre-vingt pourcent d'humidité (l'idéal est aux environ de cinquante, là y'a carrément des gouttes d'eau qui se forment sur toutes les surfaces froides, genre les fenêtres) ça ne me manquera pas, surtout au moment d'enfiler son jean pour s'habiller, froid et humide, qui dit mieux.

N'empêche, je veux repartiiiiiiir !!!!!!!!

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Commentaires
C
Très joli texte. J'ai toujours eu envie de passer des vacances sur un bateau en parcourant un canal.<br /> Je suis très envieux. ;)
M
Moi ça m'a donné envie d'ecluser un bon verre tes histoires!!<br /> J'espere que ça t'a bien lavé la tete! Slurp.
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